24 Avril 2020
Des multiples initiatives qui fleurissent sur le web en cette période confinée, l’une m’a particulièrement touchée. Pour une fois, cette proposition n’est pas faite pour nous distraire, nous passer le temps, nous cultiver. Cette proposition est altruiste. Elle pense à nos aînés, nos anciens, nos « Vieux », comme le chantait Jacques Brel…
C’est celle d’une lycéenne, relayée par l’Ecole des Lettres et qui mérite que nous aussi, nous lui consacrions une page.
Cette jeune fille propose qu’à l’image des marraines de guerre qui entretenaient une correspondance avec les soldats au front durant la Première guerre mondiale, nous prenions notre plume pour écrire à nos aînés, pour leur parler de nous, de notre confinement, pour leur laisser imaginer un ailleurs. Isolés et seuls avec leurs pensées dans leurs EHPAD, peu de choses les relient au réel.
Imaginez quel cadeau peut représenter une lettre venue d’un.e inconnu.e… La journée s’illumine de savoir que quelqu’un pense à vous, qu’une famille vit à un autre rythme que le sien, que les rires et les larmes continuent d’exister, que les émotions s’agitent aussi chez les autres. L’échange se poursuivra ou non… mais, soyez sûr que que vos courriers ne resteront pas lettres mortes. Les personnes âgées n’ont peut-être pas la force, la santé pour répondre, mais vos mots retentiront en eux.
Nous avons aujourd’hui le choix et le temps de penser aussi aux autres : en offrant des mots.
Et si nos vies quotidiennes de confinés, qui nous paraissent routinières et sans intérêts étaient une fenêtre vers l’imaginaire, la reconnexion vers une réalité plus ou moins éloignée ? Et si une lettre pouvait changer la vie ?
Je termine par l’évocation de La cavale, l’une de mes plus belles lectures jeunesse de ces derniers mois, qui illustre magnifiquement, avec tendresse et espièglerie, la vieillesse, la fin de vie et le précieux lien intergénérationnel.
Extrait :
« Cette fois-là, j’étais venu tout seul à l’hôpital pour rendre visite à Grand-Père. Papa n’avait pas envie de venir souvent. Parce que Grand-Père était compliqué. « Ici, je suis en cage. Comme un animal! » rugissait-il.
« On ne pourrait pas sortir Grand-Père de là? » ai-je pensé. »
La Cavale, de Ulf Stark, illustré par Kitty Crowther, édité à l’Ecole des Loisirs en 2019.