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Médiathèque de Brindas

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Chroniques confinées - Littérature française

Rédigé par Christine

Les inséparables - Simone de Beauvoir

Il y a des jours où l’on n’a guère envie d’un gros pavé sur lequel rester des semaines, alors on cherche un livre assez court, qui pourrait nous surprendre, en tout cas rompre avec nos lectures habituelles…

C’est comme ça que j’ai ouvert ce court roman à la couverture jaune-orangée, aux éditions de L’Herne, maison parisienne à l’activité éditoriale mesurée et qualitative (devrais-je dire donc qualitative ?), et éditeur des célèbres Cahiers de l’Herne.

Je dois d’abord confesser -sans aucune honte- n’avoir jamais lu Simone de Beauvoir, et que j’ai une meilleure connaissance de sa vie publique que de son œuvre, malgré l’envie de lire depuis des années « Le deuxième sexe » ou « Mémoires d’une jeune fille rangée ». Ouvrir le petit livre orangé, c’était entrer dans son œuvre par la petite porte, et si son écriture, son univers ne trouvaient pas d’écho en moi, le risque n’était pas si grand après tout, nul même, parce que la découverte, ça n’est jamais du temps perdu…

Bien m’en a pris car ce fut un régal. Dans son enfance Simone de Beauvoir eut une amie, Elizabeth, surnommée Zaza, qui mourut à l’âge de 22 ans d’une encéphalite. Ce terrible évènement fut évoqué par l’intellectuelle dans ses « Mémoires d’une jeune fille rangée ». « Les inséparables », inédit à ce jour et écrit en 1954, reprend sur une douzaine d’années cette relation si particulière entre les deux héroïnes. Sous la forme d’un roman, (Zaza s’appelant André et l’auteur, Sylvie), il fait le focus sur cette amitié qui commença sur les bancs de l’école primaire et s’acheva avec le décès de Zaza.

Dans un style par endroit délicieusement désuet, mais fluide, l’auteur annonce la jeune fille puis la femme qu’elle deviendra par la suite, celle qui choisit son avenir, contre son milieu, affirmant son anticonformisme. Ce qui frappe véritablement, c’est ce déterminisme social si présent dans ces familles bourgeoises et profondément pieuses, auxquelles appartiennent les deux jeunes filles, et plus encore Zaza, qui ne saura échapper à ce carcan. Songez donc, à neuf ans, elles se vouvoient, se serrent la main, malgré un lien effectif et intellectuel fort…

L’évocation de cet univers corseté, reflet d’une époque pas si lointaine après tout, s’avère véritablement fascinant. C’est ainsi que, pour la plupart d’entre nous, ce récit se révèle être une vraie fiction, mêlée à une étude sociologique, qui fait mesurer, à l’aune ce que fut la vie de Simone de Beauvoir, à quel point elle était non seulement moderne et en avance sur son temps, et ô combien combative…

Les inséparables, Simone de Beauvoir
Editions de l’Herne, 174 pages (+ un cahier photos central).

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